duminică, 20 iunie 2010

Anna Gavalda - ,,Je l'aimais"




J'avais envie d'une cigarette. C'était idiot, je ne fumais plus depuis des années. Oui mais voila, c'est comme ca la vie...Vous faites preuve d'une volonte formidable et puis, un matin d'hiver, vous decidez de marcher quatre kilometres dans les froid pour racheter un paquet de cigarettes ou alors, vous aimez un homme, avec lui vous fabriquez deux enfants et un matin d'hiver vous apprenez qu'il s'en va parce qu'il en aime une autre. Ajoute qu'il est confus, qu'il s'est trompe..."

Parce que le piege, justement, c'est de croire qu'on est amarre. On prend des decisions, des credits, des engagements et puis quelques risques aussi. On achete des maisons, on met des bebes dans des chambres toutes roses et on dort toutes le nuits enlaces. On s'emerveille de cette...Comment disait-on deja? De cette complicite. Oui, c'etait ca qu'on disait, quand on etait heureux. Ou quand on l'etait moins.

-Mais tu es jeune encore...
-Non, je suis vieille, je me sens vieille. Je suis toute cabossee. Je sens que je vais devenir mefiante. Je vais regarder ma vie a travers un judas. Je n'ouvrirais plus la porte. Reculez. Montrez patte blanche. C'est bien, l'autre maintenant. Prenez les patins. Restez dans l'entree. Ne bougez plus.
-Non, tu ne deviendras jamais cette femme-la. Quand bien meme tu le voudrais que tu ne pourrais pas. Les gens continueront a entrer dans ta vie comme dans un moulin, tu suffriras encore et c'est tres bien comme ca. Je ne me fais pas de souci pour toi.
(...)
-...sauf Adrien. Vous vous faites de souci por Adrien?
- Oui, je crois...oui. C'est pour lui que je m'en fais le plus en tout cas.
- Pourquoi?
- Parce qu'il est malheureux..."

"J'ai aime une famme...Je ne te parle pas de Suzanne, je te parle d'une autre femme.
Je l'ai aimee plus que tout. Plus que tout. Je ne savais pas qu'on pouvait aimer a ce point. Enfin, moi en tout cas, je croyais que je n'etais pas...programme...por aimer de cette facon. Les declarations, les insomnies, les ravages de la passion, c'etait bon pour les autres tout ca. D'ailleurs, le seul mot passion me faisait ricaner. La passion, la passion! Je mettais ca entre hypnose et superstition, moi...C'etait presque un gros mot dans ma bouche. Et puis, ca m'est tombe dessus au moment ou je m'y attendais le moins. Je... J'ai aime une femme... Je suis tombe amoureux comme on attrape une maladie. Sans le vouloir, sans y croire, contre mon gre et sans pouvoir m'en defendre, et puis...
Il se raclait la gorge.
-Et puis je l'ai perdue. De la meme maniere..."

"Quarante-deux ans... Qu-attend-on de la vie a quarante-deux ans?
Moi, rien. Je n'attendais rien. Je travaillais. Encore et encore et toujours. C'etait ma tenue de camouflage, mon armure, mon alibi. Mon alibi pour ne pas vivre. Parce que je n'aimais pas tellement ca, vivre. Je croyais que je n'etais pas doue pour ca..."

"Elle a releve la tete et m'a regarde dans les yeux. C'etait la premiere fois depuis des annees que nous nous regardions si longtemps. J'essayais de decouvrir quelque-chose de nouveau sur ce visage. Mais je n'ai rien decouvert, seulment la moue un peu triste d'une epouse vaincue qui s'appretait a passer aux aveux. Elle n'etait pas retournee chez son avocate car elle n'en avait pas le courage. Elle aimait sa vie, sa maison, ses commercants. Elle avait honte de se l'avouer. Elle ne voulait pas perdre ce qu'elle avait conquis. Cet echafaudage social. Nos amis, nos relations. Et puis il y avait cette maison toute pimpante dans laquelle nous n'avions encore jamais dormi...C'etait un risque qu'elle n'avait pas envie de prendre(...)

Ce fuit pour moi une nouvelle nuit blanche. Au lieu de me rassurer, ses aveux m'avaient completement ebranle. Il faut dire que j'etais si mal a cette epoque. Si mal. Je me trouvais vraiment dans une situation affligeante: j'avais perdu celle que j'aimais et venais de comprendre que j'avais aussi esquinte l'autre. Quel tableau...J'avais perdu l'amour de ma vie pour rester avec une femme qui ne me quittait pas a cause de son fromager et son charcutier. C'etait inextricable. C'etait de sabotage. J'avait tout rate. Jamais je ne m'etait senti aussi miserable.

Niciun comentariu: